Comprendre le Carnaval de Rio : le guide ultime
- Margot Decours
- 15 sept.
- 8 min de lecture
Vous vous apprêtez à vivre le Carnaval de Rio, l’une des fêtes populaires les plus suivies au monde ? Lisez notre article pour bien comprendre ce qu'est le carnaval de Rio : l'origine du samba (et oui, en portugais, on dit bien o samba, c’est un nom masculin), les blocos de rue en journée, les défilés au Sambodrome toute la nuit, quel costume porter... et tous les conseils pratiques pour vivre cette expérience unique et 100% brésilienne en toute sécurité.
Les origines du samba, le cœur du Carnaval de Rio
Aujourd’hui emblème du carnaval de Rio, le samba est né dans les quartiers populaires de la ville, porté par les communautés afro-brésiliennes venues notamment d’Angola et du Recôncavo Baiano. Après l’abolition de l’esclavage, le quartier autour de la zone portuaire, qu’on surnomme la « Petite Afrique », devient le cœur de cette culture bouillonnante. C’est là qu’une figure légendaire, Tia Ciata, guérisseuse et mère spirituelle du candomblé, religion venue d'Afrique, organise dans sa maison des fêtes clandestines où le samba résonne malgré les interdits. Et c’est dans ce même endroit qu’en 1917 a été enregistré « Pelo Telefone », le premier samba officiel. Une chanson qui a donné ses lettres de noblesse à un genre né dans l’ombre, mais déjà rempli de rythme, de résistance et de joie.
Le samba interdit : un cri de résistance culturelle
Le Brésil est l'un des derniers pays au monde à abolir l'esclavage, en 1888. Au début du XXe siècle, tout ce qui venait d'Afrique était considéré menaçant pour l’ordre établi et donc interdit par la loi : capoeira, candomblé, samba... en réalité, c’était toute une culture qu'on essayait de faire taire. Le samba, avec ses rythmes, ses danses et ses chants, était porteur d’une mémoire collective, d’une résistance silencieuse face à l’oppression. Dans les rues d’alors, les musiciens étaient sans cesse dans le viseur des autorités. Battre un tambour, chanter un rythme, c’était déjà un acte de résistance. La police n’hésitait pas à arrêter ceux qui faisaient résonner les quartiers de leurs chants, de peur que cette énergie donne trop de force aux habitants.
Malgré la censure, ces sons ont survécu, ont résonné dans les rues, dans les maisons et dans le cœur des habitants. C’est pour cela qu’aujourd’hui le samba est une grande fierté nationale.

Zeca Pagodinho, chanteur et compositeur de samba
Et cette culture est intergénérationnelle. Dès le plus jeune âge, les enfants s’y plongent à travers des comptines populaires comme « Samba Lelê ». Avec son rythme entraînant et ses paroles amusantes, cette chanson les fait danser, chanter et s’amuser… tout en transmettant l’âme et la tradition du Carnaval de Rio, perpétuant ainsi l’héritage afro-brésilien de génération en génération.
Les personnes âgées sont aussi très importantes et respectées dans la communauté du samba, on les appelle la « velha guarda » dans les écoles de samba. Une partie obligatoire du défilé au Sambodrome est d'ailleurs composée de femmes entre 60 et 90 ans, ce sont les Baianas, qui rendent hommage à la Tia Ciata.
Le Carnaval de Rio aujourd’hui : écoles de samba, Sambodrome et divisions
Le Sambodrome est considéré comme le sanctuaire du Carnaval de Rio. Il a été élaboré par l'architecte Oscar Niemeyer et a la capacité de recevoir plus ou moins 80 0000 spectateurs. Depuis 1984, cette immense structure accueille les défilés officiels du Carnaval.
Derrière la magie du Carnaval, il y a les escolas de samba. Mais attention : rien à voir avec des salles de classe. Ce sont de vraies associations de quartier, nées du peuple, pour le peuple. La toute première a vu le jour en 1928, à Rio, dans le quartier d’Oswaldo Cruz. Il s’agissait à l’origine d’un bloco carnavalesque et s’appelait Deixa Falar, « Laissez-nous parler ». Un nom qui en dit long sur l’esprit de défi de l’époque.
Les écoles de samba sont des associations sportives et culturelles. Les 12 meilleures forment le Groupe Spécial. Parmi elles : Mangueira, Portela, Beija-Flor, ou bien Salgueiro… Chaque année, elles se surpassent pour séduire les juges et remporter le titre de championne du Carnaval.

Celle qui sera classée numéro 12 sera rabaissée dans la Série Ouro, l'équivalent de la
« 2ème division » et laissera sa place à la meilleure de la Série Ouro pour le prochain carnaval. Les deux premières soirées du Carnaval (vendredi et samedi) voient passer les écoles de la Série Ouro. Les soirées du dimanche, lundi et mardi sont dédiées au Groupe Spécial.
Plusieurs options s'offrent à vous pour assister à ces défilés :
Arquibancadas (tribunes)
Pour une vue panoramique et une ambiance familiale, c’est l’option la moins chère. Les meilleurs secteurs sont ceux du milieu (6/7/8), afin de bien voir l’école déployée dans l’avenue.
Camarote (loges)
Espaces all inclusive avec transfert aller-retour depuis Copacabana, open bar, buffet à volonté, salle de maquillage, massages, et bien plus.
Frisas (sièges de première ligne)
Places numérotées au premier plan, pour se sentir partie intégrante du défilé. Idéal pour prendre des photos au plus près des écoles de samba.
Mais au-delà de la compétition, les écoles sont des foyers de vie. Elles portent des communautés entières, toujours issues des quartiers populaires de Rio. Comme une grande famille. Il y a les compositeurs qui écrivent les sambas-enredo. Les couturières, qui passent des heures sur les costumes. Les percussionnistes, infatigables, qui répètent nuit après nuit. Et les enfants, qui grandissent déjà dans la magie du Carnaval.
Le rôle culturel est tel que la municipalité soutient financièrement ces associations. Car elles ne sont pas seulement un moteur de fête : elles incarnent une mémoire vivante, l’héritage afro-brésilien et la fierté d’une ville qui vibre toute l’année au rythme du samba.
Et pour le voyageur, assister à une répétition de Mangueira ou Portela dans leur quadra (leur salle de répétition) vaut presque autant que le défilé lui-même. L’énergie y est brute, les tambours font vibrer le sol, et vous vous retrouvez au cœur d’un univers où la musique et la communauté ne font qu’un.
Assistez aux répétitions et plongez dans la ferveur des écoles de samba : informations juste ici.
La disputa de samba et la préparation du Carnaval de Rio
La préparation d’une école de samba ne s’arrête jamais : dès la fin du Carnaval, un débriefing est organisé en mars pour analyser les points forts et les faiblesses du défilé. Chaque détail compte, qu’il s’agisse de la créativité des chars, de la synchronisation des danseurs ou encore de l’énergie de la bateria. Ces retours permettent de définir une nouvelle stratégie pour l’année suivante.
Quelques semaines plus tard, chaque école choisit son « synopsis », c’est-à-dire le thème central de son futur défilé. Ce texte sert de fil conducteur artistique et historique, et oriente à la fois la conception des chars (allégories), la création des costumes et l’ambiance générale de la parade.
C’est alors qu’intervient la disputa de samba, moment-clé du calendrier. Ce concours interne consiste à présenter la samba-enredo, la chanson phare du défilé. C’est un appel ouvert à tous, où chacun peut s’inscrire et proposer une maquette musicale. La sélection se fait en plusieurs phases de vote, où les membres de l’école et les passionnés participent activement. Le choix final n’est pas qu’une question de mélodie : il doit refléter l’esprit du thème, être facilement mémorisable et capable d’unir des milliers de voix le soir du défilé.
À partir de septembre, le samba-enredo vainqueur est enregistré officiellement. Les répétitions générales commencent, avec pour objectif que tous les participants connaissent la chanson par cœur et la chantent avec ferveur sur l’avenue. C’est aussi la période de production massive des costumes !
Enfin, lorsque vient le Carnaval, chaque école est évaluée selon des critères bien précis par le jury : l’harmonie du groupe, la qualité et la puissance de la bateria, la créativité des allégories, la grâce du mestre-sala et de la porta-bandeira, ainsi que l’impact visuel et émotionnel de la comissão de frente. Les baianas, figures traditionnelles en hommage à Tia Ciata, doivent aussi être présentes, même si elles ne sont pas notées.
En 2025, la Beija-Flor de Nilópolis a remporté la première place face à la redoutable Grande Rio. Pour sentir l’énergie du Carnaval de Rio, écoutez l’enregistrement live des sambas-enredo de 2025 juste ici !
Vivre sereinement le Carnaval de rue à Rio de Janeiro
Le Carnaval, ce n’est pas seulement un spectacle que vous regardez. C’est une fête dans laquelle vous plongez corps et âme.
Bien sûr, il y a le Sambodrome. Grandiose, impressionnant, réglé au millimètre. Mais le vrai pouls de la ville, vous le sentez dans la rue. Dans les blocos de carnaval.
Imaginez : un camion sono, des percussions qui résonnent, des milliers de personnes déguisées qui dansent dans la chaleur de l’été carioca. Et vous, happé par cette marée humaine.
Certains blocos sont mythiques :
Le Cordão do Bola Preta, par exemple : il rassemble plus d’un million de personnes dans le centre de Rio. Une foule noire et blanche (les couleurs officielles du bloco) qui chante à tue-tête dès le matin.
Dès 7h du matin, à Santa Teresa, le Céu na Terra séduit avec sa fanfare colorée et ses costumes poétiques. Vous y croisez des ailes d’anges, des clowns, des personnages sortis d’un rêve.
Le bloco Amigos da Onça attire du monde avec ses costumes à motifs de jaguar (onça). Tout le monde danse et chante au rythme du samba dans une ambiance complètement folle !
👉 Chaque année, un agenda officiel recense tous les blocos de rue avec leurs horaires et lieux de rendez-vous. On peut le retrouver facilement sur l’application Blocos do Rio 2025, téléchargeable sur l’Apple Store et Google Play.
Comment se costumer ?
Et puis, il y a la question du costume. Ici, toutes les fantaisies sont permises. Une perruque fluo, des paillettes, des lunettes démesurées ou un simple maquillage coloré suffisent pour entrer dans la fête. Certains choisissent des déguisements extravagants, d’autres misent sur l’humour. Le plus important n’est pas d’impressionner, mais de se sentir libre, léger, prêt à danser !
Se préparer pour le Carnaval de Rio ne demande pas de gros moyens. Quelques accessoires suffisent pour transformer votre tenue : une couronne de fleurs, des lunettes extravagantes, une cape scintillante ou simplement un visage couvert de paillettes. Les déguisements jouent souvent la carte de l’humour, de la couleur et de l’autodérision. Les femmes misent sur des combinaisons légères et éclatantes, relevées par un maquillage festif. Les hommes, eux aussi, se prêtent volontiers au jeu, qu’il s’agisse d’un tutu, d’un short bariolé ou d’un simple débardeur brillant. L’important n’est pas la perfection du costume, mais la liberté qu’il exprime. Vous pouvez trouver de quoi accessoiriser vos tenues à petits prix au marché d'Uruguaiana !

Conseils pour vivre le Carnaval en toute sécurité
Mais attention, il y a quelques précautions à prendre pendant le Carnaval de Rio :
En février, la chaleur est écrasante : hydratez-vous régulièrement et prévoyez de la crème solaire.
Choisissez des chaussures fermées et confortables : c’est bien plus confortable et ça vous protégera les pieds dans la foule.
Prenez le strict minimum avec vous : une petite pochette discrète portée en bandoulière ou une banane sous les vêtements est idéale.
Attention à l’alcool : il fragilise votre vigilance et augmente les risques de vol ou d’accident dans la foule.
Évitez les objets de valeur : gardez-les en sécurité à l’hôtel.
Restez groupés : les blocos peuvent rassembler des centaines de milliers de personnes, mieux vaut ne pas se perdre.
Le Carnaval de Rio ne se raconte pas seulement, il se vit. C’est une énergie qui traverse les corps, une communion qui dépasse les différences et une invitation à lâcher prise pour quelques jours hors du temps. Alors, quand viendra votre tour de plonger dans ce tourbillon, souvenez-vous qu’au-delà du spectacle, c’est une rencontre avec l’âme même du Brésil qui vous attend.
Si vous prévoyez de venir à Rio pour le Carnaval, n’hésitez pas à nous contacter directement sur WhatsApp au +55 21 99013‑5692. Ce sera un vrai plaisir de vous accompagner dans votre voyage et de répondre à toutes vos questions !








